15 février 2025

Mathieu Gorgelin: "Le côté humain est plus important que tout le reste"

Mathieu Gorgelin, 34 ans, revient sur le renouveau du HAC, sur sa belle relation avec Arthur Desmas, dont il a pris la place dans les buts depuis un mois, mais évoque aussi les joueurs qu’il a rencontrés dans sa carrière et sa passion pour la pêche…
Mathieu Gorgelin: "Le côté humain est plus important que tout le reste"
Mathieu, après neuf matches toutes compétitions confondues sans victoire, le succès de samedi dernier a soulagé toute l’équipe !
Oui, nous ne sommes pas passés loin la semaine d’avant à Angers, et nous concrétisons, donc c’est plutôt cool ! ça permet, j’espère, de repartir sur une dynamique un peu plus positive.

De plus à Lille, un des gros de L1, et chez qui le HAC n’avait pas gagné depuis 74 ans…
Oui, j’ai appris ça après le match ! C’est surtout que très récemment nous avions pris des petites valises contre eux ! C’est bien, parce qu’on a réussi à faire ce qu’on avait prévu avant le match, et c’est plutôt cool de travailler les choses la semaine et de voir que ça marche.

C’est nouveau de valider ce travail de la semaine ?
Nouveau, non, parce que même pendant la série de défaites, il y a eu des périodes pendant les matches où on faisait les choses qu’on nous demandait, qui marchaient, sauf qu’on ne les reproduisait pas assez.

Qu’est-ce qui a changé ?
C’est toujours fragile, mais il y a peut-être eu une vraie prise de conscience après le match de Marseille, où on a touché le fond. Même si on perd le match contre Lens, il y avait déjà du mieux, et si ça n’avait pas tourné dans le bon sens, les prémices étaient visibles. Mais on est sur un fil, il ne faut pas croire que tout est arrivé, il faut continuer dans la bonne direction.

Comment abordez-vous Nice ? Encore un gros… mais chez nous !
Les équipes comme Nice, à la maison ou à l’extérieur, jouent de la même manière. Elles ne s’adaptent pas, elles sont capables d’imposer leur jeu n’importe où ! Il faut continuer de bien bosser, faire une bonne semaine, comprendre ce dont on a besoin pour mettre en difficulté cette équipe niçoise. Encore une fois, garder cette direction prise depuis plusieurs semaines.

Tu as ta part dans cette réussite. Tu passes du banc à l’équipe-type de Ligue 1, et même des joueurs français en Europe du journal L’Equipe où tu figurais le week-end dernier !
Pour moi, c’est anecdotique, on sait bien que, d’une semaine à l’autre, tout peut changer. Le plus important est d’avoir une forme de régularité, et toutes les semaines, individuellement et collectivement, reproduire les performances qui vont nous permettre de gratter les points pour nous sauver. Bien sûr, je suis content, même si je suis un des plus vieux de l’effectif, je l’ai pris avec beaucoup de fraîcheur, j’ai essayé d’en amener dans cette équipe, parce que je n’avais pas vécu de la même manière qu’Arthur (Desmas) les derniers mois. J’ai déjà connu ces situations, ce n’est pas évident, on a beau se remettre en question, ça ne dépend pas que de nous. Quitte à avoir une chance, je l’ai prise comme un jeune, en essayant de faire un taf de vieux !

Quelle fut ta réaction à l’annonce de ta titularisation contre Reims ?
Je suis allé voir Arthur tout de suite, pour discuter avec lui, voir comment il était, parce qu’il y a le côté professionnel mais il y a le côté humain, qui pour moi est important. Des choses se passent dans le présent mais on crée des liens avec des personnes qui peuvent durer dans le temps. Pour moi, le plus important était que le lien qu’on a su créer tous les deux ne se casse pas.

En quoi Arthur t’aide-t-il maintenant ?
En ne changeant pas, en bossant toujours de la même façon. A part le jour du match où c’est lui qui me fait l’échauffement et plus l’inverse, la semaine se passe toujours pareil, on n’a quasiment rien changé de nos habitudes. Je pense le plus important est que lui m’accompagne bien les jours de match comme je l’ai fait auparavant, et si ça doit rechanger, ce sera toujours la même chose. Le plus important, c’est ça.

Il te rend la pareille…
Quelque part, oui. Il est arrivé il y a deux ans et demi quand je pensais être numéro 1. J’ai tout donné pour lui, lui aujourd’hui fait pareil pour moi, et si ça doit tourner, je redonnerai tout pour lui. C’est comme ça. Encore une fois, le côté humain est pour moi plus important que tout le reste.

Le poste de gardien est tout de même particulier aussi pour cela… Que la hiérarchie soit claire ou non dès le départ, il faut une grande part de résilience !
C’est très rare, et je ne pense pas que ce soit un bon choix, de partir sur une alternance. Tu remarques que très peu d’équipes le font. On a eu des exemples avec Paris, qui mettait en concurrence ses gardiens, des top gardiens, et même pour des top gardiens, ce n’est pas facile. Le numéro 1 a besoin de la vraie confiance de son staff et que le mini-groupe de gardiens soit là pour lui, que les uns travaillent pour les autres. Pour moi, il faut un numéro 1 et un numéro 2. Il faut que tout soit clair dès le départ, que le numéro 2 se mette au diapason du numéro 1. Quant à la résilience, c’est dans la vie, c’est dans tout ! Il en faut énormément ! La vie n’est pas facile, le sport n’est pas facile, le métier de tous n’est pas facile, et si on veut y arriver, il en faut beaucoup.

Comment est ta relation avec Nicolas Douchez ?
Elle est très bonne ! On a appris à se connaître depuis maintenant deux ans et demi. Il sait me dire les choses quand je dérape un petit peu. Parfois, on ne s’en rend pas forcément compte, mais il y a des attitudes qui peuvent ne pas plaire ! Donc il sait me le dire quand il y a besoin. On échange beaucoup sur les méthodes d’entraînement. Je pense qu’on a aujourd’hui une vraie relation de confiance tous ensemble.

As-tu toujours connu ce genre de relation avec les entraîneurs de gardiens que tu as eus ?
Plus ou moins. J’ai eu des top entraîneurs de gardiens. C’est différent avec l’âge, j’ai pris de l’expérience, peut-être que les discussions sont un peu plus profondes aujourd’hui que quand j’étais jeune. On me fait confiance, on peut s’appuyer sur moi. Je n’ai pas le souvenir d’avoir eu un entraîneur de gardiens avec lequel ça ne passait pas du tout.

C’est aussi lié à ta personnalité ! Même plus jeune, tu n’étais pas un « petit con » !
(rires) Je n’espère pas ! Je ne pense pas ! J’aurais peut-être dû l’être un peu plus… Mais je ne vais pas changer maintenant…

Comment gère-t-on le fait d’être mis en lumière quand on est habitué à travailler dans l’ombre ?
Cela m’est déjà arrivé quand même ! Mais je me réfugie toujours un peu dans le travail et dans ma vie de famille, dans le fait que j’aie une vie à côté. Bien sûr, tous les copains écrivent, envoient des messages… Mais je crois que le plus important est d’essayer de rester concentré, de ne rien changer à sa vie. De toute façon, je ne peux rien changer à ma vie, j’ai bien assez de choses à faire comme ça ! Je suis focus sur mes matches, sur mes semaines, et sur l’idée de sauver le HAC.

Et tu n’es pas « réseaux sociaux ». A part ta page Facebook !
A part ma page, mais ce n’est pas moi qui la gère ! Je ne regarde rien, parce que ça va vite, comme avec les journalistes, tellement vite… Je suis déjà bien passé au travers et je l’ai bien senti de la part de tout le monde, donc j’ai l’expérience pour savoir que ça va aussi vite dans un sens que dans l’autre.

Justement, quand tu étais plus jeune, à tes débuts en pros, étais-tu conscient de ça, de cette vitesse médiatique, de tout ce que ça entraînait ?
Un petit peu, parce que déjà en réserve à Lyon, il y avait des forums autour de ça où les gens avaient déjà peu de scrupules à critiquer même les jeunes. Après, avec les réseaux sociaux, et on le voit dans tous les domaines, les gens n’ont aucun problème derrière leur écran à critiquer tout et n’importe quoi. Mais bon, c’est la vie qui est comme ça !

As-tu toujours été gardien ?
Quasiment ! Je n’étais pas un bon joueur de champ, j’ai été très vite mis dans les cages, et ça s’est bien passé tout de suite.

On dit toujours qu’il faut être un peu fou pour être gardien…
Il y a peut-être un côté de folie mais je pense que l’on n’est pas les moins réfléchis des équipes, pas les plus bêtes ! Bien sûr, il faut une part de folie. Mais je ne sais pas… Je ne pense pas être le plus fou. J’ai mon côté fou ! On a un rapport avec notre poste qui fait qu’on n’a pas le droit à l’erreur. Je ne mets pas ça dans la folie, je mets ça dans le travail, dans le fait qu’on est obligé d’être conscient que le moindre truc est fatal, alors que c’est un peu différent pour d’autres postes qui ont moins ce rapport au risque.

Tu as passé une grande partie de ta carrière à Lyon, où tu es arrivé à l’âge de 12 ans. Tu as croisé énormément de joueurs… Qui t’a marqué le plus ?
Il y en a pas mal ! C’est difficile d’en citer, ce serait manquer de respect aux autres ! Enfin, tout de même, Lisandro Lopez. C’est un exemple dans ce que peut dégager un joueur sur le terrain, l’agressivité, la passion qu’il avait. Ce n’était pas le plus talentueux intrinsèquement mais le mec pouvait tout faire à tout moment. Il est l’un des meilleurs buteurs à Lyon parce qu’il avait cette rage, et bien sûr il avait toutes les qualités mais il avait quelque chose de plus que les autres. Il dégageait un vrai truc !

Et au HAC ? Cela fait tout de même cinq ans et demi que tu es là, quelqu’un t’a-t-il marqué ?
A part Anthony Paumier (un des deux team-managers, présent à ce moment-là de l’entretien), meilleure recrue des dernières années… (rires) C’est pareil, j’ai croisé de bons joueurs, ici, même en Ligue 2. Quand tu passes trois ans avec Yahia Fofana, quand pendant les deux premières années, tu l’as derrière toi, tu te dis qu’il ne faut pas trop te reposer ! Même s’il était bien plus jeune à l’époque. Il y a eu Vic Lekhal, un vrai métronome sur le terrain quand on lui a vraiment donné les clés et un vrai projet. C’était exactement ce qu’il lui fallait l’année de la montée et il a montré qu’il avait le niveau pour aller jouer plus haut. Et puis l’année dernière, tu fais venir André Ayew, qui n’a pas mis les pieds sur un terrain depuis six mois, et il se dépouille pendant deux mois pour après te sortir des buts et t’aider grandement dans ta quête de maintien. En fait, chaque année, chaque joueur apporte son truc.

As-tu des vrais amis dans le foot ?
Oui. Pas beaucoup, on ne peut pas plaire à tout le monde, et on est aussi dans une relation de travail. A Lyon ou ici, même au Red Star où j’ai été prêté. C’est une ou deux personnes à chaque fois mais aujourd’hui, je peux affirmer que ce sont des amis.

Comment es-tu dans la vie ?
A la base, je suis cool ! Mais on vit dans un monde qui va tellement vite, en plus avec des enfants à qui on veut donner le meilleur, que l’on veut mettre dans les meilleures dispositions, qui eux se retrouvent dans ce monde qui va beaucoup trop vite… donc je suis un peu moins cool ! Mais juste parce que j’ai envie de leur donner les meilleurs outils pour s’en sortir, et c’est difficile dans le quotidien d’être toujours cool, en tout cas, moi, j’ai du mal à le faire ! C’est un peu de la protection, je pense. Donc, j’étais cool, je le suis moins ! Je suis plus cool en vacances ! (rires)

La société actuelle te fait peur pour tes enfants ?
Quand tu te penches un peu sur le sujet, il n’y a pas de quoi être rassuré… On parlait tout à l’heure du monde des réseaux sociaux, quand tu vois que maintenant les gamins, à 8, 9, 10 ans, ont tous des réseaux… En tant que parent, j’ai du mal à l’accepter, et encore plus tôt, tu perds la main, la protection sur tes enfants. Evidemment, tu ne peux pas non plus les isoler complètement ! Il faut qu’ils se créent eux aussi leur carapace.

Côté loisirs, on sait tous que tu aimes la pêche !
Oui, la pêche, ma plus grande passion, bien avant toutes les autres. Mais je suis aussi sportif avant tout ! J’aime bien les sports de raquettes en général, aller courir, le vélo, la randonnée… un peu tous les sports qui ont un rapport à la nature. Même s’il y a de plus en plus de gens qui le font et qu’on est de moins en moins tranquille… Mais j’aime être dehors, m’évader.

La pêche, c’est rivière ou mer ?
A la base, c’est plus de l’eau douce, mais depuis que je suis arrivé ici, j’ai appris à pêcher en mer, j’ai appris d’autres techniques. Et suivant les périodes, tu as des envies différentes, et le fait de pouvoir faire les deux, ce n’est pas mal !

La pêche, c’est aussi une idée de reconversion ?
Directement, non, indirectement, oui, à travers une société à laquelle je suis associé. Je dis indirectement, parce que je ne serai pas guide de pêche, je n’ai ni les compétences, ni l’envie, et ni la patience avec les autres pour le faire. En revanche, le projet qu’on m’a apporté m’intéresse énormément, parce que je reste dans un milieu que j’aime, que j’apprends à redécouvrir aussi.

En dehors de ça, as-tu du temps pour de la lecture, des films, des séries, de la musique ?
La musique, je laisse dérouler, et quand je tombe sur un truc… Je ne suis pas un spécialiste. La lecture, c’est cyclique, s’il y a un thème qui m’intéresse ou un livre dont on m’a parlé. Quand j’ai le temps, je suis plus séries, films, histoire juste de poser le cerveau et de sortir du quotidien. Quand j’ai des moments calmes, je me mets sur des documentaires de pêche.

Regardes-tu d’autres sports ?
De moins en moins ! Je n’ai plus trop le temps... Le foot, je regarde très peu de matches. Quand il y a de bons matches de coupes d’Europe, j’aime bien, mais je vais rarement me poser 90 minutes devant, je regarde une mi-temps. Par contre, quand c’est la période du Tour de France, là, oui ! La moindre minute que je peux regarder, je vais la regarder ! Ça peut paraître long pour certains, moi, je ne sais pas pourquoi, c’est quelque chose qui me plaît.

Peut-être parce que tu es d’une région montagneuse ?
Oui, plus ou moins, on est sur de la moyenne montagne ! Mais oui, peut-être, parce que j’aime le vélo, j’aime aussi notre pays et, pendant trois semaines, c’est une certaine manière de le valoriser.

Avais-tu des idoles dans le foot quand tu étais petit ?
Pas plus que ça. Après, oui, Coupe du Monde 1998, avec Fabien Barthez. Mais après, quand je suis arrivé à Lyon, je ne regardais que Greg Coupet. En plus, on pouvait, au centre, regarder les entraînements. Quand on voyait à l’époque un entraînement de Greg Coupet, c’était un peu la classe ultime ! C’était une machine à l’entraînement, tu avais l’impression que tout était parfait dans tout ce qu’il faisait, tout était contrôlé, il dégageait une puissance énorme. Et en même temps, toujours dans la bonne humeur. C’était un vrai exemple pour moi au centre. Et même après en pros, quand tu te retrouves avec Hugo Lloris ! Un extra-terrestre vivant, juste un monstre…

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais voulu faire quoi ?
Je n’en ai aucune idée ! Strictement aucune idée ! J’arrive vite, alors après je me dis qu’il y a peut-être un truc à faire. Et je n’avais pas de facilités à l’école, il fallait que je bosse énormément pour m’en sortir un peu. Alors à un moment, tu fais le choix de te dire « ça passe ou ça casse ». J’ai eu la chance que ça passe. Beaucoup ne l’ont pas eue ! Je ne dis pas que tu lances la pièce et tu vois sur quelle face elle tombe, parce qu’il y a un peu plus que ça, mais quelque part, c’est ça…

Si ton fils te disait qu’il veut être footballeur professionnel ?
Il me le dit ! Et il me le dit derrière ses yeux d’enfant, il ne se rend pas trop compte du travail qu’il y a derrière. Bien sûr que s’il peut, je le pousserai comme mes parents l’ont fait, enfin je le suivrai et je ferai ce que je peux pour l’aider. On verra… Que les enfants prennent déjà un peu de plaisir. Bien sûr, ce sont de beaux rêves. Mais déjà qu’il y ait du plaisir, celui du jeu, avant de vouloir franchir les étapes un peu trop vite.

Si tu devais inviter trois personnes à dîner, des gens avec qui tu as envie de discuter, ce serait qui ?
Gaël Even, un peu le pape de la pêche en France ! En plus, il est normand, il est de Lisieux. Après, Roger Federer, pourquoi pas… Ce sont quand même des mystères, ces mecs, et il y a tellement à apprendre d’eux. Et moi qui suis d’Ambérieu-en-Bugey, où tu as la famille Manaudou qui habite là-bas, que je ne connais pas du tout, pourquoi pas rencontrer les deux, frère et sœur. J’ai regardé le documentaire tourné sur Laure Manaudou, ce qu’elle a traversé n’est pas anodin, et à l’époque elle était esseulée, aucune protection. Donc, ces personnes n’ont rien à voir entre elles ! Mais il y aurait de quoi échanger…

Propos recueillis par Olivia Detivelle

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