15 décembre 2024
Timothée Pembele : "Je me sens de mieux en mieux"
Prêté par le club anglais de Sunderland, Timothée Pembele a trouvé sa place au sein de la défense havraise…

Timothée, tu enchaînes les titularisations. Comment te sens-tu ?
Je me sens de mieux en mieux ! Physiquement, psychologiquement… ça aide quand on enchaîne les matches ! Nous n’avons pas les résultats qui suivent pour l’instant, mais c’est toujours une très bonne chose parce que ça fait longtemps que je n’ai pas enchaîné autant de matches, peut-être même depuis deux années. Donc, je suis content que le coach, le staff, les joueurs aussi, me fassent confiance.
Et dans le club en général, tu te sens bien aussi ?
Oui, je me sens vraiment bien ! Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas senti comme ça. Je parle avec tout le monde, je suis heureux de venir au club, ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti ça. J’avais déjà cette image du HAC comme club familial, je connaissais déjà beaucoup de joueurs, contre lesquels j’avais joué quand j’étais jeune, et à Sunderland, j’étais avec un joueur de la Cavée, Abdoullah Ba, qui m’a très bien parlé d’ici. C’était un club comme celui-là qu’il me fallait pour retrouver le plaisir de jouer au foot.
Tu l’avais perdu ?
Ce n’est pas que je l’avais perdu, mais j’étais dans une autre mentalité… Je ne jouais pas, donc il n’y avait plus le même plaisir d’aller à l’entraînement. J’allais à l’entraînement pour moi-même, parce qu’il fallait que je garde un rythme, parce qu’un projet m’attendait sûrement…
Tu peux nous raconter ton parcours ?
Je suis issu du 95, je suis né à Beaumont-sur-Oise. J’ai fait toutes mes classes à Persan jusqu’en U12, puis j’ai signé au PSG, je suis entré avec un an d’avance à la préformation, où j’ai fait trois saisons, avant d’entrer au centre. Au bout de ma première saison au centre, je suis arrivé à signer professionnel, et j’étais alors surclassé en U19, puis j’ai intègré le groupe pro lors de la saison Covid. Ensuite, j'ai fait ma première saison en pro, en 2020-2021, j'ai mis mon premier but, j'ai gagné le Trophée des Champions et la Coupe de France, puis je suis parti en prêt à Bordeaux, où j'ai joué une trentaine de matches mais je me suis fait les croisés en fin de saison. J’ai mis à peu près une année pour reprendre… Je suis retourné ensuite à Paris, j'ai fait les six derniers mois de la saison 2022-2023, on a gagné la Ligue 1. J’ai tout gagné en France, même si je n’ai pas joué ! (rires). J'ai signé alors à Sunderland, en Championship, et là, la saison ne s’est pas très bien passée, j’ai joué huit matches, j’en ai commencé trois. Au début, on pensait que c’était un bon choix, finalement, je n’ai pas joué…
Et le HAC arrive…
Je ne pensais vraiment pas que le HAC viendrait me chercher ! J’étais en Division 2 anglaise, je ne jouais pas, je pensais repartir en Ligue 2. J’ai confiance en moi, je sais que j’ai les capacités pour jouer en Ligue 1, mais dans le football d’aujourd’hui, quand un joueur ne joue pas, il est vite oublié. Quand mon agent m’a appris que Le Havre était sur moi, j’ai dit direct « On y va ! » ! Je n’ai pas cherché à savoir combien j’étais dans la hiérarchie, je me suis dit j’y vais, je me bats, et on voit ce qui se passe ! Finalement, ça a pris un peu de temps, j’ai signé dans les derniers jours de mercato, le coach m’a bien accueilli, il m’a dit qu’il fallait que je récupère du rythme. J’ai donc fait un match avec la réserve… même si j’y suis allé… (il souffle). En Angleterre, j’ai fait pas mal de matches avec la réserve, et j’en avais marre de jouer avec des plus jeunes que moi. Mais le coach m’a expliqué que je devais jouer 90 minutes. Ensuite, ça s’est enchaîné…
Pour revenir sur ta formation, tu signes pro au PSG très jeune, à 15 ans et demi ! Comment gère-t-on cela ?
Bien ! Je dormais au centre de formation, je n’avais pas la vie d’un pro, c’était juste sur le papier. Je ne me sentais pas pro, pour moi, un pro, c’est quand tu as dépassé les 50 matches en Ligue 1 ou en Ligue 2 ! C’est ma vision. Mais j’étais content, en plus de signer dans mon club formateur. Je me rends compte maintenant que j’ai été formé avec des joueurs qui ne jouent même plus au foot, ou alors certains en R1, d’autres en N2… C’est pour cela que quand tu n’es pas bien dans ta situation, il ne faut pas trop regarder ceux qui sont en haut mais plutôt ceux qui sont en bas ! Et se dire qu’on est bien, qu’on a son contrat, qu’on est peut-être un peu trop impatient. Il faut relativiser. Quand tu es dedans, tu ne te rends pas compte, c’est quand tu perds la chose ! C’est comme quand tu es malade. Il faut vivre le présent à fond parce qu’on ne sait pas de quoi est fait demain. La carrière du footballeur va très vite. Je l’ai vu quand j’étais blessé, j’ai rencontré des gens à Clairefontaine qui galéraient, qui étaient au chômage, d’autres qui avaient des crédits immobiliers et n’avaient plus de salaire… A ce moment-là, ça devient compliqué. C’est pour ça qu’il faut garder les pieds sur terre.
Tu as aussi connu les sélections en équipe de France, de U16 à U23. Quel est ton meilleur souvenir ?
La Coupe du Monde U17 en 2019. On avait battu l’Espagne 6 à 1 en quart, mais on est battus par le Brésil en demie, alors qu’on menait 2 à 0 à la mi-temps. Avant le match, on était « matrixés », on se prenait pour l’équipe de France 98 contre le Brésil ! A la mi-temps, on était détendus, on se disait qu’on allait en finale, mais on a perdu 3-2. On a quand même eu la troisième place. C’est mon meilleur souvenir, avec ma bande de potes, on se connaissait depuis U16. Je ne sais pas si j’en referai une en pros ! C’est très dur ! Même mathématiquement, une Coupe du Monde, c’est tous les quatre ans ! Il faut avoir ton prime, être dans la bonne génération…
Petit, comment viens-tu au foot ?
Je jouais dans mon quartier, en bas de chez moi. Mon cousin a commencé à jouer dans le club de ma ville, et ma mère m’a dit de m’inscrire avec lui. C’était un tout petit club, donc pas au plus haut niveau des jeunes. Et je me fais recruter par le PSG en Coupe du 95. On jouait contre Saint-Ouen-l’Aumône, et le recruteur du PSG était venu regarder leur numéro dix. Ce match-là, j’avais joué défenseur central alors que, de base, je jouais 6, et nous étions nous deux souvent au duel. Nous avons fait tous deux un bon match… et nous avons été recrutés tous les deux par le PSG !
Tu jouais alors souvent milieu ?
Oui, 6 ou milieu droit.
Et maintenant, tu joues latéral mais tu peux jouer aussi en défense centrale. Que préfères-tu ?
Au début, je préférais latéral. Mais ici, à cinq, je joue central droit, et c’est une position que j’aime.
Et petit, en dehors du foot, tu étais comment ?
A l’école, j’étais turbulent ! J’ai failli ne pas signer au PSG à cause de ça… On m’a fait écrire un papier, comme quoi si dans les trois mois je faisais une bêtise, je ne signais pas mon contrat aspirant… Je me suis tenu à carreau, et j’ai signé. Oui, à l’école, je bavardais beaucoup. Après, le bavardage, ce n’est pas quelque chose de très grave ! Mais pour les parents, le bavardage, c’est des « bêtises de ouf » ! (rires) J’ai un bac STMG, mais j’ai eu de la chance, parce que je suis de la génération Covid ! Le bac, on l’a eu gratuit ! (rires) Je ne sais pas si je l’aurais eu, sinon, parce que, la dernière année, je n’étais pas souvent à l’école. Il y avait la Coupe du Monde U17, je m’entraînais aussi souvent avec les pros… Au PSG, on n’était pas dans des lycées extérieurs, on était quatre ou cinq dans des classes, et en fait, ce n’est pas vraiment une bonne idée, on n’est pas dans un environnement de travail. J’avais kiffé mes années de collège parce qu’on était dans un vrai collège, avec d’autres élèves, alors que là on est enfermé, avec les mêmes personnes. Quand tu es jeune, c’est bien de voir d’autres élèves, des gens qui font d’autres sports…
Et ça te montre d’autres voies…
Oui, quand tu es jeune, on te dit qu’il y en a peut-être que deux ou trois qui vont réussir dans le foot. Tu n’y crois pas. Mais quand tu te poses, que tu regardes autour de toi, tu te dis que lui est fort, lui aussi… qu’il y en a déjà cinq qui sont trop forts ! Et que tu ne seras peut-être pas dans les trois qui vont réussir ! Je connais un gars avec qui j’ai été formé qui a repris ses études et qui maintenant travaille dans la finance.
Tu sembles avoir les pieds sur terre…
Ça vient de l’éducation, et de ma blessure. Une carrière, ça ne tient à rien ! Ça prend énormément de temps à construire, mais on peut vite tout perdre. Les croisés, je me les suis faits tout seul. Je suis passé par le centre de rééducation de Capbreton, où il n’y a pas que des footballeurs. J’ai vu des blessures terribles ! Il y avait des rugbymen, des skieurs, mais aussi des gendarmes, des militaires… Moi, ma blessure, finalement, ça allait ! Il faut relativiser. Mais même avec l’argent, un sujet un peu tabou dans le foot, tout change ! Ça change le regard des autres, ça apporte des problèmes dans les familles… C’est toi qui as le plus d’argent dans la famille, donc tu as l’impression que tu es le boss ! Si ta famille te laisse croire ça, ça devient un problème… Certaines familles ne vivent que sur le fils qui fait du foot, et n’osent donc pas trop lui dire les choses, de peur qu’il coupe tout ! C’est pour cela qu’il faut avoir une famille qui garde les valeurs.
As-tu des frères et sœurs ?
J’ai trois sœurs, deux grandes et une petite, je suis le seul garçon ! Et des parents toujours mariés. La famille, c’est très important. En Angleterre, j’étais tout seul. Quand tu ne joues pas, tu rentres chez toi, tout seul… Tu ne te sens pas bien ! On est des passionnés de foot, moi, je n’ai pas de femme, pas d’enfants, pour l’instant, le foot, c’est toute ma vie ! Donc, quand je ne joue pas, ça me met un bon coup à la tête ! Parfois, pour rien, tu es aigri avec tes sœurs, ta famille, alors qu’elles n’ont rien demandé.
Justement, en dehors du foot, tu t’intéresses à des choses ?
Je regarde beaucoup de basket, et aussi beaucoup de vidéos sur des anciens sportifs. Ça m’intéresse ! Comme ils ne jouent plus, ils parlent sans tabou des erreurs qu’ils ont faites, ils racontent de bonnes anecdotes.
Sais-tu vers quoi tu pourrais te diriger après le foot ?
Oh, pas encore, je n’ai que 22 ans. Mais je parlais de cela avec Rassoul [Ndiaye] tout à l’heure ! Je lui disais que si notre corps est bien, il nous restait peut-être entre dix et quinze ans encore, mais que ça passait vite ! Entre notre premier jour en pros et maintenant, il y a peut-être eu cinq années. Or, on ne les sent même pas passer ! Il faut y penser souvent à la suite…
Quand tu étais petit, avais-tu des idoles ?
Dans le foot, j’ai beaucoup aimé la passe Messi Ronaldo. Mais j’aimais surtout Ramos, et j’ai eu la chance de le côtoyer une saison. Et j’ai vu ce que c’était, l’éthique de travail. Il travaillait comme un acharné ! Alors qu’il avait déjà 34 ans, il bossait comme un fou, il partait le dernier. Je suis jeune, mais je pense que je ne verrai jamais un joueur qui travaille autant.
Y a-t-il des sportifs, actuels ou retraités, avec qui tu aimerais échanger ?
Oui, j’aimerais bien échanger avec des grands boxeurs. J’aimerais savoir quelle est leur motivation. Ils ont tout gagné, ils ont beaucoup d’argent, et je voudrais savoir ce qui les pousse à se lever le matin et encore travailler. C’et fou, ils ont tout, ont tout gagné, mais ils continuent à travailler ! C’est respectable ! Des Mayweather, Gervonta Davis, Terence Crawford… Ils prennent des bons coups à la tête ! J’aimerais savoir leurs motivations…
Quels sont tes qualités et tes défauts en dehors du foot ?
Je suis un charrieur de ouf… (rires) Un bon vivant… Et en défaut, je suis un rageux, quand même… Je n’aime pas perdre ! Même aux cartes avec ma petite sœur, des fois, je triche ! Il faudrait demander à ma petite sœur, plus qu’à mes parents ! Avec les parents, on est toujours carré, toujours propre !
Comment abordes-tu ce match face à Strasbourg ?
On a bien commencé la semaine, dans un bon mood, avec les joueurs, le staff… Il nous faut des points. Vers février, le train des douze ou treize premiers va s’en aller, il faut qu’on soit dedans. Mais je n’ai aucune inquiétude, même si on a eu des petits coups de mou. On a gagné des matches couperets, on est tous confiants.
Propos recueillis par Olivia Detivelle
Je me sens de mieux en mieux ! Physiquement, psychologiquement… ça aide quand on enchaîne les matches ! Nous n’avons pas les résultats qui suivent pour l’instant, mais c’est toujours une très bonne chose parce que ça fait longtemps que je n’ai pas enchaîné autant de matches, peut-être même depuis deux années. Donc, je suis content que le coach, le staff, les joueurs aussi, me fassent confiance.
Et dans le club en général, tu te sens bien aussi ?
Oui, je me sens vraiment bien ! Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas senti comme ça. Je parle avec tout le monde, je suis heureux de venir au club, ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti ça. J’avais déjà cette image du HAC comme club familial, je connaissais déjà beaucoup de joueurs, contre lesquels j’avais joué quand j’étais jeune, et à Sunderland, j’étais avec un joueur de la Cavée, Abdoullah Ba, qui m’a très bien parlé d’ici. C’était un club comme celui-là qu’il me fallait pour retrouver le plaisir de jouer au foot.
Tu l’avais perdu ?
Ce n’est pas que je l’avais perdu, mais j’étais dans une autre mentalité… Je ne jouais pas, donc il n’y avait plus le même plaisir d’aller à l’entraînement. J’allais à l’entraînement pour moi-même, parce qu’il fallait que je garde un rythme, parce qu’un projet m’attendait sûrement…
Tu peux nous raconter ton parcours ?
Je suis issu du 95, je suis né à Beaumont-sur-Oise. J’ai fait toutes mes classes à Persan jusqu’en U12, puis j’ai signé au PSG, je suis entré avec un an d’avance à la préformation, où j’ai fait trois saisons, avant d’entrer au centre. Au bout de ma première saison au centre, je suis arrivé à signer professionnel, et j’étais alors surclassé en U19, puis j’ai intègré le groupe pro lors de la saison Covid. Ensuite, j'ai fait ma première saison en pro, en 2020-2021, j'ai mis mon premier but, j'ai gagné le Trophée des Champions et la Coupe de France, puis je suis parti en prêt à Bordeaux, où j'ai joué une trentaine de matches mais je me suis fait les croisés en fin de saison. J’ai mis à peu près une année pour reprendre… Je suis retourné ensuite à Paris, j'ai fait les six derniers mois de la saison 2022-2023, on a gagné la Ligue 1. J’ai tout gagné en France, même si je n’ai pas joué ! (rires). J'ai signé alors à Sunderland, en Championship, et là, la saison ne s’est pas très bien passée, j’ai joué huit matches, j’en ai commencé trois. Au début, on pensait que c’était un bon choix, finalement, je n’ai pas joué…
Et le HAC arrive…
Je ne pensais vraiment pas que le HAC viendrait me chercher ! J’étais en Division 2 anglaise, je ne jouais pas, je pensais repartir en Ligue 2. J’ai confiance en moi, je sais que j’ai les capacités pour jouer en Ligue 1, mais dans le football d’aujourd’hui, quand un joueur ne joue pas, il est vite oublié. Quand mon agent m’a appris que Le Havre était sur moi, j’ai dit direct « On y va ! » ! Je n’ai pas cherché à savoir combien j’étais dans la hiérarchie, je me suis dit j’y vais, je me bats, et on voit ce qui se passe ! Finalement, ça a pris un peu de temps, j’ai signé dans les derniers jours de mercato, le coach m’a bien accueilli, il m’a dit qu’il fallait que je récupère du rythme. J’ai donc fait un match avec la réserve… même si j’y suis allé… (il souffle). En Angleterre, j’ai fait pas mal de matches avec la réserve, et j’en avais marre de jouer avec des plus jeunes que moi. Mais le coach m’a expliqué que je devais jouer 90 minutes. Ensuite, ça s’est enchaîné…
Pour revenir sur ta formation, tu signes pro au PSG très jeune, à 15 ans et demi ! Comment gère-t-on cela ?
Bien ! Je dormais au centre de formation, je n’avais pas la vie d’un pro, c’était juste sur le papier. Je ne me sentais pas pro, pour moi, un pro, c’est quand tu as dépassé les 50 matches en Ligue 1 ou en Ligue 2 ! C’est ma vision. Mais j’étais content, en plus de signer dans mon club formateur. Je me rends compte maintenant que j’ai été formé avec des joueurs qui ne jouent même plus au foot, ou alors certains en R1, d’autres en N2… C’est pour cela que quand tu n’es pas bien dans ta situation, il ne faut pas trop regarder ceux qui sont en haut mais plutôt ceux qui sont en bas ! Et se dire qu’on est bien, qu’on a son contrat, qu’on est peut-être un peu trop impatient. Il faut relativiser. Quand tu es dedans, tu ne te rends pas compte, c’est quand tu perds la chose ! C’est comme quand tu es malade. Il faut vivre le présent à fond parce qu’on ne sait pas de quoi est fait demain. La carrière du footballeur va très vite. Je l’ai vu quand j’étais blessé, j’ai rencontré des gens à Clairefontaine qui galéraient, qui étaient au chômage, d’autres qui avaient des crédits immobiliers et n’avaient plus de salaire… A ce moment-là, ça devient compliqué. C’est pour ça qu’il faut garder les pieds sur terre.
Tu as aussi connu les sélections en équipe de France, de U16 à U23. Quel est ton meilleur souvenir ?
La Coupe du Monde U17 en 2019. On avait battu l’Espagne 6 à 1 en quart, mais on est battus par le Brésil en demie, alors qu’on menait 2 à 0 à la mi-temps. Avant le match, on était « matrixés », on se prenait pour l’équipe de France 98 contre le Brésil ! A la mi-temps, on était détendus, on se disait qu’on allait en finale, mais on a perdu 3-2. On a quand même eu la troisième place. C’est mon meilleur souvenir, avec ma bande de potes, on se connaissait depuis U16. Je ne sais pas si j’en referai une en pros ! C’est très dur ! Même mathématiquement, une Coupe du Monde, c’est tous les quatre ans ! Il faut avoir ton prime, être dans la bonne génération…
Petit, comment viens-tu au foot ?
Je jouais dans mon quartier, en bas de chez moi. Mon cousin a commencé à jouer dans le club de ma ville, et ma mère m’a dit de m’inscrire avec lui. C’était un tout petit club, donc pas au plus haut niveau des jeunes. Et je me fais recruter par le PSG en Coupe du 95. On jouait contre Saint-Ouen-l’Aumône, et le recruteur du PSG était venu regarder leur numéro dix. Ce match-là, j’avais joué défenseur central alors que, de base, je jouais 6, et nous étions nous deux souvent au duel. Nous avons fait tous deux un bon match… et nous avons été recrutés tous les deux par le PSG !
Tu jouais alors souvent milieu ?
Oui, 6 ou milieu droit.
Et maintenant, tu joues latéral mais tu peux jouer aussi en défense centrale. Que préfères-tu ?
Au début, je préférais latéral. Mais ici, à cinq, je joue central droit, et c’est une position que j’aime.
Et petit, en dehors du foot, tu étais comment ?
A l’école, j’étais turbulent ! J’ai failli ne pas signer au PSG à cause de ça… On m’a fait écrire un papier, comme quoi si dans les trois mois je faisais une bêtise, je ne signais pas mon contrat aspirant… Je me suis tenu à carreau, et j’ai signé. Oui, à l’école, je bavardais beaucoup. Après, le bavardage, ce n’est pas quelque chose de très grave ! Mais pour les parents, le bavardage, c’est des « bêtises de ouf » ! (rires) J’ai un bac STMG, mais j’ai eu de la chance, parce que je suis de la génération Covid ! Le bac, on l’a eu gratuit ! (rires) Je ne sais pas si je l’aurais eu, sinon, parce que, la dernière année, je n’étais pas souvent à l’école. Il y avait la Coupe du Monde U17, je m’entraînais aussi souvent avec les pros… Au PSG, on n’était pas dans des lycées extérieurs, on était quatre ou cinq dans des classes, et en fait, ce n’est pas vraiment une bonne idée, on n’est pas dans un environnement de travail. J’avais kiffé mes années de collège parce qu’on était dans un vrai collège, avec d’autres élèves, alors que là on est enfermé, avec les mêmes personnes. Quand tu es jeune, c’est bien de voir d’autres élèves, des gens qui font d’autres sports…
Et ça te montre d’autres voies…
Oui, quand tu es jeune, on te dit qu’il y en a peut-être que deux ou trois qui vont réussir dans le foot. Tu n’y crois pas. Mais quand tu te poses, que tu regardes autour de toi, tu te dis que lui est fort, lui aussi… qu’il y en a déjà cinq qui sont trop forts ! Et que tu ne seras peut-être pas dans les trois qui vont réussir ! Je connais un gars avec qui j’ai été formé qui a repris ses études et qui maintenant travaille dans la finance.
Tu sembles avoir les pieds sur terre…
Ça vient de l’éducation, et de ma blessure. Une carrière, ça ne tient à rien ! Ça prend énormément de temps à construire, mais on peut vite tout perdre. Les croisés, je me les suis faits tout seul. Je suis passé par le centre de rééducation de Capbreton, où il n’y a pas que des footballeurs. J’ai vu des blessures terribles ! Il y avait des rugbymen, des skieurs, mais aussi des gendarmes, des militaires… Moi, ma blessure, finalement, ça allait ! Il faut relativiser. Mais même avec l’argent, un sujet un peu tabou dans le foot, tout change ! Ça change le regard des autres, ça apporte des problèmes dans les familles… C’est toi qui as le plus d’argent dans la famille, donc tu as l’impression que tu es le boss ! Si ta famille te laisse croire ça, ça devient un problème… Certaines familles ne vivent que sur le fils qui fait du foot, et n’osent donc pas trop lui dire les choses, de peur qu’il coupe tout ! C’est pour cela qu’il faut avoir une famille qui garde les valeurs.
As-tu des frères et sœurs ?
J’ai trois sœurs, deux grandes et une petite, je suis le seul garçon ! Et des parents toujours mariés. La famille, c’est très important. En Angleterre, j’étais tout seul. Quand tu ne joues pas, tu rentres chez toi, tout seul… Tu ne te sens pas bien ! On est des passionnés de foot, moi, je n’ai pas de femme, pas d’enfants, pour l’instant, le foot, c’est toute ma vie ! Donc, quand je ne joue pas, ça me met un bon coup à la tête ! Parfois, pour rien, tu es aigri avec tes sœurs, ta famille, alors qu’elles n’ont rien demandé.
Justement, en dehors du foot, tu t’intéresses à des choses ?
Je regarde beaucoup de basket, et aussi beaucoup de vidéos sur des anciens sportifs. Ça m’intéresse ! Comme ils ne jouent plus, ils parlent sans tabou des erreurs qu’ils ont faites, ils racontent de bonnes anecdotes.
Sais-tu vers quoi tu pourrais te diriger après le foot ?
Oh, pas encore, je n’ai que 22 ans. Mais je parlais de cela avec Rassoul [Ndiaye] tout à l’heure ! Je lui disais que si notre corps est bien, il nous restait peut-être entre dix et quinze ans encore, mais que ça passait vite ! Entre notre premier jour en pros et maintenant, il y a peut-être eu cinq années. Or, on ne les sent même pas passer ! Il faut y penser souvent à la suite…
Quand tu étais petit, avais-tu des idoles ?
Dans le foot, j’ai beaucoup aimé la passe Messi Ronaldo. Mais j’aimais surtout Ramos, et j’ai eu la chance de le côtoyer une saison. Et j’ai vu ce que c’était, l’éthique de travail. Il travaillait comme un acharné ! Alors qu’il avait déjà 34 ans, il bossait comme un fou, il partait le dernier. Je suis jeune, mais je pense que je ne verrai jamais un joueur qui travaille autant.
Y a-t-il des sportifs, actuels ou retraités, avec qui tu aimerais échanger ?
Oui, j’aimerais bien échanger avec des grands boxeurs. J’aimerais savoir quelle est leur motivation. Ils ont tout gagné, ils ont beaucoup d’argent, et je voudrais savoir ce qui les pousse à se lever le matin et encore travailler. C’et fou, ils ont tout, ont tout gagné, mais ils continuent à travailler ! C’est respectable ! Des Mayweather, Gervonta Davis, Terence Crawford… Ils prennent des bons coups à la tête ! J’aimerais savoir leurs motivations…
Quels sont tes qualités et tes défauts en dehors du foot ?
Je suis un charrieur de ouf… (rires) Un bon vivant… Et en défaut, je suis un rageux, quand même… Je n’aime pas perdre ! Même aux cartes avec ma petite sœur, des fois, je triche ! Il faudrait demander à ma petite sœur, plus qu’à mes parents ! Avec les parents, on est toujours carré, toujours propre !
Comment abordes-tu ce match face à Strasbourg ?
On a bien commencé la semaine, dans un bon mood, avec les joueurs, le staff… Il nous faut des points. Vers février, le train des douze ou treize premiers va s’en aller, il faut qu’on soit dedans. Mais je n’ai aucune inquiétude, même si on a eu des petits coups de mou. On a gagné des matches couperets, on est tous confiants.
Propos recueillis par Olivia Detivelle
31ème journée
26/04/2025 HAC - Monaco
32ème journée
04/05/2025 Auxerre - HAC
33ème journée
11/05/2025 HAC - Marseille
34ème journée
18/05/2025 Strasbourg - HAC